La récession : c'est grave ?

La récession : c'est grave ?

Le spectre d'une récession plane sur l'économie mondiale, notamment aux Etats-Unis et en Europe où l'Allemagne devrait connaître une baisse de son PIB de 0,3%. En France, Michel-Edouard Leclerc diffuse ses craintes sur les ondes. « J'ai peur de la récession », confesse-t-il.

On entend parler de montée de l’inflation, hausse des taux d’intérêts, stagflation (croissance nulle et inflation), volatilité des marchés boursiers …

Mais qu’est-ce qu’une récession économique ? Qu’est-ce qui la provoque et comment est-elle corrigée ?

 

1- La mesure de la récession

La récession est un phénomène macroéconomique qui désigne au sens large un ralentissement du rythme de la croissance économique, et dans un sens plus restreint, une chute du produit intérieur brut sur au moins deux trimestres consécutifs. La récession est la phase de contraction qui a souvent lieu après une crise économique.

Pour rappel : Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la valeur marchande totale des biens et services produits à l’intérieur d’un pays au cours d’une année.

La récession est un élément constitutif des cycles économiques :

* Expansion : les entreprises empruntent, investissent, le chômage diminue

* Retournement : hausse des salaires risquant de peser sur les profits, prudence des banques face aux excès d’investissement, hausse des taux d’intérêts, tensions inflationnistes

* Récession : ralentissement de la consommation et de l’investissement, faillites d’entreprise, aggravation du chômage

* Dépression : les entreprises moins performantes ont disparu, les salaires stagnent

* Reprise : l’allègement des charges sociales permet profits et nouveaux investissements

On constate au total que les cycles de conjoncture sont en grande partie liés aux évolutions de l’investissement.

On distingue plusieurs théories de variations cycliques :

  • de 50 ans selon la théorie des cycles longs de Nikolai Kondratieff ;
  • de 6 à 10 ans selon la théorie du cycle des affaires de Clément Juglar ;
  • de 40 mois selon la théorie des cycles courts de Joseph Kitchin.

NB : Une dépression est une forme grave de crise économique et dure beaucoup plus longtemps qu’une récession. Les récessions durent en moyenne 11 mois, tandis qu’une dépression peut perdurer plusieurs années. Par exemple, la Grande Dépression de 1929 a duré trois ans et demi. La crise de 2008 a duré 18 mois.

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2- Les signes avant-coureurs d’une récession

Il y a beaucoup de façon de prévoir une récession mais laquelle est la plus sûre ? S’appuyer sur un seul facteur peut être risqué. Il serait plus raisonnable de combiner les résultats en considérant plusieurs indicateurs ensemble.

  • Inversion de la courbe des taux : une courbe des taux traduit la relation entre le rendement prévu et la durée des obligations.
  • Baisse des cours de la bourse
  • Augmentation des prix de l'immobilier
  • Hausse du taux de chômage

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3- Les causes d’une récession

Un simple ralentissement se transforme en récession quand un ou plusieurs phénomènes de déséquilibre (économique, financier, monétaire …) entraînent une situation de crise avec effet domino :

  • une hausse des taux d’intérêt : c’est le surendettement des entreprises, des ménages ;
  • des restructurations et concentrations d’entreprises ;
  • un chômage de masse ;
  • une baisse de la confiance des consommateurs causée par des événements négatifs (comme une guerre ou une pandémie) : les consommateurs dépensent moins ;
  • une crise financière, comme une chute des cours boursiers, une bulle financière ou immobilière ;
  • des guerres commerciales à l’échelle mondiale ;
  • une réduction des dépenses publiques ;
  • une perturbation de l’offre ou de la demande des produits de base comme le pétrole : cela fait exploser les prix ;
  • une inflation excessive et durable.

 

4- Exemples de récession majeurs depuis 1945

On distingue principalement :

  • la récession des années 1974-1975 consécutive au choc pétrolier de fin 1973 : réduction de la production et hausse brutale du prix du pétrole par l’OPEP ;
  • la récession des années 1992-1993 due à l’éclatement de bulles financières et à la crise du SME Système monétaire européen ;
  • l’effondrement des subprimes en 2007 aux USA, qui entraîne une crise financière, puis de l’économie réelle, provoquant une récession mondiale en 2008 et 2009.

La pandémie Covid 19 et les mesures de confinement qui en ont découlé partout sur la planète ont entraîné une récession généralisée des économies, à commencer par celle de la Chine qui a vu l’« atelier du monde » s’arrêter en partie pendant plusieurs semaines. Dans un pays comme la France, ce sont 5,8 points de PIB qui ont disparu au seul premier trimestre 2020 : un chiffre sans précédent.

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5- Les effets de la récession

Les crises économiques sont généralement marquées par une hausse des dépenses publiques avec la mise en œuvre de politiques conjoncturelles : « les mécanismes de sortie de récession ».

Il y a également une chute des recettes publiques. Les agents économiques travaillant moins du fait de la hausse du chômage, et l'offre et la demande baissant, la puissance publique dispose d'une base imposable plus faible. Cela creuse généralement le déficit public.

Les récessions sont généralement marquées par une baisse de la confiance dans l'économie. Les entrepreneurs sont moins optimistes quant à leur capacité à écouler leur production ou à générer du profit, et les ménages sont plus pessimistes quant aux perspectives d'embauche ou d'augmentation de leur pouvoir d'achat. Ces pertes de confiance modifient le comportement des agents : les investisseurs sont moins disposés à investir, et les ménages le sont moins à consommer.

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Une économie en récession, notamment lorsque la récession dure, peut tomber dans une trappe à liquidité, les ménages préférant détenir de la monnaie plutôt que d'acheter des obligations.

La récession incite les entreprises à licencier des salariés. Cela est d'autant plus vrai que la demande adressée aux entreprises a baissé. Les récessions sont ainsi souvent marquées par une augmentation du chômage. Le chômage décroît en sortie de récession, mais il baisse souvent plus lentement qu'il n'a augmenté.

Une récession sera accompagnée d’une inflation voire pire une déflation. En effet, la déflation est un piège en ce sens où elle génère une spirale néfaste à l'économie toute entière. Elle est en outre très difficile à combattre par les autorités monétaires car elle se nourrit des anticipations auto-réalisatrices des agents économiques : tant que ceux-ci pensent que le phénomène de baisse des prix généralisée va se poursuivre, ils adopteront toujours le même comportement attentiste qui est à l'origine de l'apparition de la déflation.

 

6- La correction de la récession

Deux écoles principales s’opposent quant au traitement d’une récession :

  • l’approche libérale compte sur un libre jeu des mécanismes de l’économie de marché pour corriger les déséquilibres en cause ;
  • l’approche keynésienne prône un interventionnisme des pouvoirs publics via des mesures de relance par le soutien de la demande.
  • les mécanismes auto-stabilisateurs : les récessions voient généralement une contraction de la demande intérieure (la consommation), ce qui freine les importations et permet un excédent commercial, qui tire l'économie vers le haut.
  • Les mécanismes auto-régulateurs : un recul de l'offre est compensé lorsque, la production chutant et les licenciements augmentant, les salaires baissent à leur tour, ce qui réduit le coût de production et donc augmente les profits à nouveau7
  • La politique budgétaire : cela consiste en une augmentation des dépenses publiques afin de stimuler la consommation ou bien l'investissement. Dans le cas d'une politique de l'offre, l’État peut soutenir les entreprises afin de garantir leur production.
  • La politique monétaire : la banque centrale joue sur les taux directeurs

 

7- Conclusion

Les États-Unis ont enregistré deux trimestres de baisse du PIB cette année, mais ils n'ont pas officiellement qualifié cette période de récession. Pourquoi ? Parce que d'autres aspects de l'économie se portent bien : les emplois augmentent, les salaires progressent et les investissements étrangers continuent d'affluer dans le pays. Ainsi la récession n’a pour l’instant pas été annoncée « officiellement ».

Nul n’échappe aux effets d’une récession, mais vous pouvez tout de même protéger vos finances. Voici quelques conseils pour vous aider à traverser la tempête :

  • Ne vous endettez pas davantage : si vos revenus diminuent : utilisez votre fonds d’urgence ou essayez d’en constituer un,
  • La création d’un budget est un excellent moyen de voir où va votre argent et de vous assurer qu’il est bien géré,
  • Conservez vos placements, même quand le marché boursier est à la baisse.

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Les photos sont issues de Pixabay.

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