L'Art de la guerre

L'Art de la guerre

Cet article a été rédigé d’après la traduction de Jean Lévi.

L’Art de la guerre (littéralement : « Méthodes militaires de Maître Sun ») est un court traité de stratégie militaire chinois, datant de la période des printemps et automnes c'est-à-dire une période allant d'environ 771 à 453 av. J.-C. Attribué au stratège  Sun Zi (littéralement : « Maître Sun » ; souvent  appelé « Sun Tzu » en Occident), le texte s’articule autour de treize chapitres consacrés à l’analyse rationnelle des différentes dimensions de la guerre et qui dégagent les principes de la poursuite intelligente d’une guerre victorieuse : fondée sur une stratégie indirecte, toute d’économie, de ruse, de connaissance de l’adversaire et d’action psychologique.

Remplacez le mot « ennemi » par « concurrent », le mot « campement » par le mot « marché », le mot « soldat » par « salarié » et ce livre de stratégie militaire se transformera en livre de stratégie d’entreprise.

C’est d’ailleurs un livre qui fait partie des lectures obligatoires de plusieurs programmes universitaires et plusieurs entrepreneurs utilisent les principes qui y sont énoncés quand il s’agit de négocier un contrat important ou de faire des ventes intéressantes.

Voici un petit descriptif des 13 chapitres.

 

I. Supputations

La guerre est subordonnée à 5 facteurs. Ils doivent être pris en compte dans les calculs afin de déterminer avec exactitude la balance des forces :

  • La vertu : assure la cohésion entre supérieurs et inférieurs,
  • Le climat : ombres et lumières, chaud et froid, les saisons,
  • La topographie : les distances, la nature du terrain (accidenté ou plat ; large ou resserré, propice ou néfaste)

(d’où le recours massif aux éclaireurs, aux espions),

  • Le commandement : perspicacité, impartialité, humanité, résolution et sévérité du général,
  • L’organisation : discipline, hiérarchie, logistique.

Et en plus de tout cela : il faut profiter de la moindre opportunité pour emporter l’avantage.

La guerre repose sur le mensonge :

  • Capable : passez pour incapable,
  • Prêt au combat : ne le laissez pas voir,
  • Proche : semblez donc loin,
  • Prenez l’adversaire dans un piège en simulant le désordre,
  • S’il se concentre : défendez-vous,
  • S’il est fort : évitez-le,
  • Coléreux : provoquez le,
  • Méprisant : exciter sa morgue,
  • Disponible : fatiguez le,
  • Uni : semez la discorde.

Attaquez là où l’on ne vous attend pas ; surgissez toujours à l’improviste.

L art de la guerre

 

II. Les opérations : « Une armée doit viser la victoire immédiate et non une guerre d’usure »

Les campagnes militaires victorieuses exigent de limiter les coûts matériels et humains autant que faire se peut.

Une armée doit viser la victoire immédiate et non une guerre d’usure.

Jamais il n’est arrivé qu’un pays ait pu tirer profit d’une guerre prolongée. Qui est habile à conduire les armées puise ses vivres chez l’ennemi. Ce qui appauvrit la nation ce sont les approvisionnements sur de longues distances. Un peuple qui doit supporter des transports sur de longues distances est saigné à blanc.

On traitera humainement les prisonniers. C’est de cette façon que l’on remportera la victoire tout en se renforçant.

 

III. Combattre l’ennemi dans ses plans : « Il est préférable de préserver un pays plutôt que de le détruire »

En règle générale, il est préférable de préserver un pays plutôt que de le détruire.

Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin. Soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin.

Le mieux à la guerre consiste à attaquer les plans de l’ennemi, ensuite ses alliances, ensuite ses troupes et en dernier ses villes.

Le chef de guerre doit, à tout moment savoir s’il peut combattre et surtout quand il faut cesser.

Un souverain peut être une cause de trouble pour l’armée en cherchant à s’immiscer dans la distribution des responsabilités alors qu’il ne connaît rien à l’exercice du commandement.

 

IV. Les formations militaires : « Un préalable indispensable »

L’art de pratiquer la défensive avec à-propos est un préalable indispensable à toute offensive victorieuse. Reconnaître les opportunités stratégiques quand elles se présentent, pour savoir quand avancer et quand reculer, sans ne jamais créer aucune opportunité pour l’ennemi en retour.

Qui excelle à la défensive se cache au plus profond des neuf replis de la Terre.

Qui excelle à l’offensive se meut au-dessus des neuf étages du Ciel.

Une armée est victorieuse si elle cherche à vaincre avant de combattre ; elle est vaincue si elle cherche à combattre avant de vaincre.

 

V. Puissance stratégique : « Une armée de pierres rondes dévalant une pente abrupte »

On manœuvre une multitude comme on le ferait d’une poignée d’hommes grâce à la division en corps et à la répartition des unités.

On fait évoluer des foules immenses aussi aisément qu’une petite troupe grâce aux dispositions et aux signaux.

Quel chaos ! Quel méli-mélo ! Ils sont repliés sur eux-mêmes comme une boule et pourtant nul ne peut venir à bout de leur disposition.

Pour faire bouger l’ennemi : on l’attire avec un appât et on le reçoit avec des troupes.

Celui qui sait employer ses hommes au combat leur insuffle la puissance de pierres rondes dévalant les pentes abruptes d’une montagne haute de dix mille pieds. Telle est l’efficacité de la configuration stratégique.

 

VI. Vide et plein : « La forme d’une armée est identique à l’eau »

Les opportunités stratégiques qu’il convient de saisir sont des ouvertures que l’ennemi crée en réaction aux différentes pressions qui sont exercées sur lui ; le champ de bataille est en quelque sorte fluide.

Qui excelle à la guerre dirige les mouvements de l’autre et ne se laisse pas dicter les siens.

Le parfait chef s’avance sans que l’autre puisse le contrer car il s’insinue dans ses vides.

Une formation militaire atteint au faite ultime quand elle cesse d’avoir forme. Sitôt qu’une armée ne présente pas de forme visible, elle échappe à la surveillance des meilleurs espions et déjoue les calculs des généraux les plus sagaces.

Car si n’importe qui est à même de connaître la manœuvre gagnante, nul ne peut remonter au processus qui a permis d’édifier la configuration victorieuse.

La forme d’une armée est identique à l’eau. L’eau forme son cours en épousant les accidents du terrain. Une armée n’a pas de dispositif rigide pas plus que l’eau n’a de forme fixe.

 

VII. L’engagement : « Signaux sonores et visuels permettent de souder les mouvements des troupes en un seul corps »

Les affrontements directs, limités ou généraux, sont risqués. L’engagement d’une bataille décisive suppose des préparatifs nombreux de même qu’une excellente connaissance de l’environnement et de l’ennemi. Il existe un certain nombre de stratagèmes relevant de l’affrontement indirect et dont le chef de guerre peut user pour se procurer un avantage face à un ennemi aussi prudent et vaillant que lui.

Signaux sonores et visuels étant perçus par tous, ils permettent de souder les mouvements des troupes en un seul corps.

 

VIII. Les neuf retournements : Les dangers des excès

Les dangers contre lesquels se prémunir : trop grande ardeur à affronter la mort ; trop grande attention à conserver la vie ; la colère précipitée ; les réactions d’orgueil ; trop grande complaisance avec ses soldats.

 

IX. La distribution des moyens

Les différentes situations dans lesquelles une armée se trouve en progressant en territoire ennemi, et les changements de circonstances auxquels il faut savoir répondre. La clé du succès réside le plus souvent dans l’évaluation des intentions de l’ennemi.

 

X. La topographie

Les trois types de lieux où établir son campement pour avoir l’avantage sur l’ennemi, et les six manières de tromper ou d’être trompé qui découlent de ces prises de positions.

 

XI. Des neuf sortes de terrains

Les neuf sortes de terrains qui peuvent être à l’avantage ou au détriment de l’une ou de l’autre armée : les lieux de division ou de dispersion (à la frontière des positions ennemies) ; les lieux légers (avancés derrière les lignes ennemies) ; les lieux qui peuvent être disputés (qu’il faut prendre ou défendre face à l’ennemi) ; les lieux de réunion (zones de repli que l’ennemi peut aussi envisager comme telles) ; les lieux pleins et unis (qui permettent l’utilisation par les deux armées) ; les lieux à plusieurs issues (à la jonction de plusieurs États et par où les secours de l’une ou l’autre armée peuvent arriver) ; les lieux graves et importants (qui sont situés en territoire ennemi et ont un fort intérêt stratégique) ; les lieux gâtés ou détruits (difficilement praticables) ; les lieux de mort (zones de danger critique).

 

XII. De l’art d’attaquer par le feu : « Observer les vents »

Les cinq manières de combattre par le feu : brûler les hommes ; brûler les provisions ; brûler les bagages ; brûler les arsenaux et les magasins ; utiliser des projectiles incendiaires. En cas d’attaque par le feu, il est fondamental de : laisser le feu faire son office plutôt que d’en profiter pour attaquer imprudemment ; ne pas laisser l’ennemi éteindre le feu ; observer les vents pour savoir où démarrer l’incendie ; anticiper les changements dans les vents ; ne pratiquer l’inondation qu’avec parcimonie.

 

XIII. De la concorde et de la discorde : utiliser les discordes chez l’ennemi

L’utilisation intensive de l’espionnage est le moyen le plus sûr d’exploiter à son avantage les cinq types de discordes : discorde dans les villes et villages, ou comment s’attacher les populations qui sont sous la domination de l’ennemi ; discorde extérieure, ou comment avoir à son service les officiers ennemis ; discorde entre les inférieurs et les supérieurs, ou comment semer la défiance dans les rangs adverses ; discorde de mort, ou comment faire parvenir à l’ennemi de fausses informations sur l’état de notre armée ; discorde de vie, ou comment rémunérer les ennemis qui font défection pour se mettre à notre service.

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