L' engouement pour les jardins familiaux

L' engouement pour les jardins familiaux

Depuis quelques années, les jardins familiaux ou jardins ouvriers connaissent un regain de succès sur l’ensemble du territoire français. Instaurés à la fin du dix-neuvième siècle afin d’améliorer le quotidien des ouvriers, ils séduisent désormais de plus en plus de jardiniers, venus de tout horizon. Illustration : Hervé Duphot ; "Le Jardin de Rose".

 

 

Les jardins ouvriers sont de petites parcelles de terrains, de cent à cinq cents mètres carrés. Mis à la disposition des citoyens par les municipalités, moyennant une petite participation financière annuelle, ces jardins sont gérés par des associations de loi 1901, donc à but non lucratif. Ces jardins se destinent principalement à la culture potagère, mais aussi au bricolage, aux loisirs et parfois même à l’élevage de quelques animaux de ferme. Les terrains sont privatifs et séparés les uns des autres par des grillages, ainsi chacun peut profiter de son jardin comme il l’entend tout en respectant le règlement imposé par la collectivité. Véritables espaces de plaisir et de liberté, les jardins ouvriers sont très demandés, et les listes d’attente ne cessent de s’allonger avec un délai moyen de deux ans.

 

1- L’histoire des jardins ouvriers

Les jardins ouvriers sont créés en 1896 par l’abbé Jules-Auguste Lemire (1853-1928), à l’époque député-maire chrétien d’Hazebrouck en Flandre Française (Nord), dans le but d'améliorer le sort des ouvriers grâce à la mise à disposition d'une parcelle par les municipalités qui serait vouée aux cultures potagères.

Véritable engagement politique, ces jardins ont pour vocation l’amélioration de la condition des familles ouvrières au niveau des besoins alimentaires mais également au niveau social.

Voici ce qu’écrivait l’abbé Lemire : "S’ils permettent aux ouvriers d’échapper à leur taudis en profitant d’un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts".

Après la seconde guerre mondiale, les jardins ouvriers sont devenus des jardins familiaux car la mise à disposition de parcelles de terrain s’est ouverte à d’autres catégories socioprofessionnelles. L’appellation a changé mais l’objectif est resté le même à savoir disposer, moyennant une redevance annuelle, d’un jardin familial pour les loisirs, la culture de fleurs, fruits et légumes de son choix en excluant tout usage commercial.

Le code rural donne un cadre légal aux jardins familiaux tels que définis par la loi du 26 juillet 1952, et précise que leur gestion est confiée à des associations loi 1901. Ainsi, l'article L.561-1 du code rural stipule que "Les associations de jardins ouvriers, qui ont pour but de rechercher, aménager et répartir des terrains pour mettre à la disposition du chef de famille, comme tel, en dehors de toute autre considération, les parcelles de terre que leurs exploitants cultivent personnellement, en vue de subvenir aux besoins de leur foyer, à l'exclusion de tout usage commercial, doivent se constituer sous la forme d'associations déclarées ou reconnues d'utilité publique conformément à la loi du 1er juillet 1901".

En 2003, une proposition de loi a tenté de rafraîchir un peu la formulation de cet article, en vain.

 

2- Le CNJCF

En 2007, le Conseil national des jardins collectifs et familiaux (CNJCF) est créé avec pour ambition d’encourager et de promouvoir le développement des jardins collectifs et familiaux, d’initier et/ou de participer aux actions en faveur de la connaissance, de la promotion et de la protection du patrimoine végétal et de la biodiversité, d’initier et de promouvoir toute action en faveur d’un jardinage raisonné et respectueux de l’environnement, dans une perspective de développement durable, de défendre ses positions, tant auprès des pouvoirs publics que de toute autre institution, dans le respect des particularismes de chaque membre de l’Association.

Les jardins familiaux ont longtemps souffert de leur appellation d'origine faisant référence aux ouvriers, et aux classes laborieuses. En outre, géographiquement, les municipalités les reléguaient généralement aux périphéries de la ville, vers des zones incultes pas toujours très avenantes voire parfois polluées (bord d'autoroute, de chemin de fer, zone inondable, etc.) et manquant de raccordement aux réseaux (eau, électricité).

Aujourd'hui, l'intérêt pour le jardinage, les légumes bio, la traçabilité des produits consommés, les circuits courts, le développement durable et la préservation de la planète, de plus en plus de villes et de communes, réinvestissent du foncier pour le consacrer à des jardins familiaux et jardins partagés, vecteurs de lien social à nouveau recherché. En outre, des panneaux solaires et des systèmes de récupération d'eau de pluie font aujourd'hui partie des équipements installés par les municipalités qui imposent souvent un jardinage biologique excluant tout intrant chimique.

 

3- Les critères d’affectation

Les parcelles de jardins familiaux sont gérées par des associations privées et affectées à des particuliers pour leur propre production.

Les critères généralement retenus sont l'appartenance à la commune, la mixité sociale, la proximité géographique (le jardin demande un entretien régulier y compris en semaine). L'usage commercial est exclu. La demande étant largement supérieure à l'offre, les délais d'obtention d'un jardin peuvent atteindre plusieurs années.

Le tarif varie entre 48€ et 160€ par an selon que le jardin soit équipé ou non d’une cabane, un bac à compost, une arrivée d’eau, etc. Suivant les jardins, d’autres frais peuvent s’ajouter, mais l’opération reste rentable si la récolte est fructueuse.

 

4- Les règles à respecter

Selon le responsable des jardins familiaux de Strasbourg :

Les jardiniers doivent respecter de nombreuses règles et des pénalités existent pour chaque infraction. Parmi les interdits, la culture du maïs et de tournesols. « Un ou deux, ça va, mais on a découvert un jour des plants de cannabis cachés derrière des maïs et des tournesols, alors c’est interdit maintenant ! », explique Gérard, responsable du lotissement du Hundseich, voisin de celui d’Ahcène.

Le souci cet été, c’est le gaspillage d’eau. Les rappels à l’ordre sont réguliers, et pas que dans ces jardins de l’Ouest strasbourgeois. Un jardin mal entretenu, pas désherbé, pas assez planté, peut en effet être retiré à son locataire. Il y a un signalement oral lors d’un contrôle puis un ou deux courriers avant la sentence finale. « Il y a 15 jours pour se mettre en conformité », indique Ahcène. Désormais, les « nouveaux jardiniers » sont à l’essai pendant un an. « On joue la police mais on donne aussi des conseils », renchérit Gérard.

« Le règlement est sévère », concède Ahcène, mais c’est selon lui le prix pour obtenir « les plus beaux jardins de Strasbourg ! » Ce matin-là, on ne croise que des retraités ; il faut disposer de pas mal de temps libre pour avoir un beau jardin.

 

5- L’objectif des jardins familiaux

L’objectif principal des jardins familiaux est d’apporter un complément de fruits et de légumes frais aux jardiniers, leur permettant ainsi de réaliser des économies non négligeables sur leur budget nourriture. Outre l’aspect économique, ces lopins de terre jouent également un rôle social en favorisant la mixité et les rencontres entre les différents participants. Ils offrent également un espace de détente et expression au grand air à des citadins en manque de verdure, ce qui améliore ainsi leur qualité de vie. Enfin, nous remarquerons l’aspect éducatif de ses jardins qui proposent tout au long de l’année des activités gratuites et ludiques aux habitants du quartier, et plus particulièrement au jeune public.

Un samedi soir de juillet, dans ces mêmes jardins, l’ambiance est plus festive. De loin, les signaux de barbecue confirment la présence de plusieurs jardiniers à cette heure tardive. Il suffit de suivre les odeurs de grillades. Zukeyha, 46 ans, prépare le repas avec sa sœur et son frère. À l’opposé du barbecue, l’eau pour le thé chauffe dans le samovar turc.

Une famille d’une quinzaine de personnes s’est réunie pour des grillades sur cette parcelle qui appartient à leur père. Toute la famille entretient ce terrain obtenu il y a deux ans. « Au départ, c’est difficile avec le voisinage, si quelqu’un est nouveau et qu’il y a un souci dans les espaces communs, c’est lui qui est accusé », concède Zukeyha.

 

6- Le jardin partagé

Le concept de jardin partagé est différent : appelé aussi jardin de quartier, le jardin partagé est animé par une association d'habitants désirant se retrouver dans un lieu convivial pour jardiner ensemble. Ces jardins collectifs permettent de redynamiser la vie de quartier, et ils font l'objet d'une gestion associative loi 1901. Chacun apporte sa contribution et ses idées dans le choix des plantations. Ces jardins de proximité contribuent à l'amélioration et à l'appropriation du cadre de vie, tout en créant des échanges entre les habitants du quartier. Ouverts au public, ils constituent un espace de convivialité et de rencontre apprécié les soirs d'été ou les week-ends. Comme pour les jardins familiaux, les parcelles sont mises à disposition par la Ville, ou encore un hôpital, le réseau ferré de France, ou tout autre bailleur social.

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