Le paradigme de la stratégie de l'Océan Bleu ou comment l'entreprise évolue sans guerre concurrentielle

Le paradigme de la stratégie de l'Océan Bleu ou comment l'entreprise évolue sans guerre concurrentielle

Tout d'abord il est bon de rappeler ce qu'est un paradigme ?

Un paradigme est — en épistémologie et dans les sciences humaines et sociales – une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent du monde qui repose sur un fondement défini (matrice disciplinaire, modèle théorique, courant de pensée).

Les paradigmes sont, selon le philosophe des sciences Thomas Samuel Kuhn des « découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à un groupe de chercheurs des problèmes types et des solutions ». Un paradigme peut être infléchi ou totalement remis en cause s'il remplit un certain nombre de conditions expérimentales ou d'insertion dans un nouveau paradigme.

La Stratégie "Océan Bleu" est un paradigme d'une stratégie d'entreprise, exposé par W. Chan Kim et Renée Mauborgne, chercheurs au Blue Ocean Strategy Institute à l'INSEAD dans leur ouvrage Stratégie Océan Bleu (publié en 2005) : Comment créer de nouveaux espaces stratégiques. L'ouvrage a connu depuis un énorme succès commercial.

Pour comprendre la stratégie de l'Océan Bleu, le mieux est de la comparer à la stratégie de l’Océan Rouge. L’Océan Rouge est l’approche traditionnelle : l’environnement du marché est connu, les entreprises s’y font la guerre (jusque au rouge sang ...) pour gagner des parts de marché, les unes par rapport aux autres, face à une demande existante. L’aspect concurrentiel y est omniprésent.

La stratégie Océan Bleu vise à relancer une activité d’un marché jugé saturé et hyper concurrentiel, aux perspectives de croissance limitées. Pour cela, les auteurs préconisent d’abandonner l’obsession de l’affrontement et de chercher à créer et capturer une nouvelle demande.

La stratégie Océan Bleu met l’entreprise au défi de « sortir de l’Océan Rouge de la concurrence grâce à la création d’un espace stratégique vierge qui rend cette concurrence nulle et non avenue ». Elle ne cherche pas à s’adapter aux tendances économiques mais à créer ces tendances. Dans cet Océan Bleu, l’entreprise évoluera sans guerre concurrentielle car seule à y évoluer.

Tout individu a un cadre de référence et une perception de son environnement qui lui est propre. Pour un créateur d’entreprise cette perception initiale, subjective, peut limiter la vision stratégique de l’offre qu’il imagine mettre sur le marché.

Ce qui est vrai pour les individus s’applique aussi aux organisations. Au fil de leur développement, les entreprises peuvent s’enfermer dans des fonctionnements, des visions limitantes et ne plus percevoir les mouvements stratégiques qui agitent les marchés.

La méthode repose sur le concept essentiel d’innovation-valeur : être créatif sur la valeur réelle d’usage qu’on apporte au client, tout en réduisant ou en éliminant des fonctionnalités ou services superflus ou dépassés (ce qui réduit les coûts et rend l’offre viable).
 
Voici quelques pistes :
 

1- Explorer les solutions alternatives présentes sur le marché pour répondre à un même besoin. Exemple Blabacar

2- Explorer les produits et services complémentaires. Des produits ou des services complémentaires recèlent souvent une valeur inexploitée et la tâche primordiale de toute entreprise est de définir la solution d’ensemble que recherche le client.

3- Explorer le contenu fonctionnel ou émotionnel du secteur. Les concurrents d’un même secteur d’activité ont tendance à s’accorder sur la définition des produits à proposer mais aussi sur les axes de communication à privilégier. Ainsi dans certains secteurs  (les produits ménagers, les fournitures de bureau…), l’accent est mis sur le prix et l’attrait fonctionnel du produit. Dans d’autres secteurs (le voyage, l’automobile), les acteurs font plutôt jouer le ressort de l’émotionnel.

4- Explorer le temps par projection des grandes tendances. Il ne s’agit pas de prédire le futur mais d’extraire du sens des tendances déjà observables.

 
En conclusion, même dans les industries peu rentables, fortement concurrentielles, et à faibles barrières à l'entrée, il est possible de créer de nouveaux espaces de croissance rentable.
 
Exemple : dans le domaine du spectacle vivant, le "Cirque du Soleil", fondé au Québec, a connu un développement impressionnant sans concurrencer le cirque traditionnel.
 

Liens :

Lecture :

"La boite à outils de la Stratégie" (DUNOD) de Bertrand Giboin

articles similaires