Le tissu Wax vaut de l'or ...

Le tissu Wax vaut de l'or ...

1- Le Wax : un phénomène de mode

Un tissu coloré, graphique, culte en Afrique et tendance sur les podiums des grands couturiers... Le wax vaut de l'or.

Le wax est un tissu qui attire l’œil, suscite l’engouement autant que le débat. En Afrique, ce textile imprimé au moyen de cire (d’où son nom : wax), aux couleurs vives et aux motifs très parlants, demeure le plus couru du continent.

Vitaminé, coloré et graphique, le wax s'est naturellement imposé sur le devant de la scène déco et a su séduire de nombreux designers.

Les lignes graphiques, les motifs floraux ou animaliers, répétés s'inscrivent brillamment dans la tendance des papiers peints et des revêtements originaux. Résolument estival, on aime le motif wax sur les murs, le mobilier mais aussi la petite déco telle que des lampes ou du linge de maison.

Majoritairement fait à partir d’un tissu blanc en coton, il est de plus en plus imprimé sur d’autres matières telles que la soie, la mousseline, l’élasthanne et bien d’autres.

 

2- L’histoire du Wax

L’histoire du Wax en Afrique est lié à la colonisation. Ce sont les recrues ouest-africaines installées dans les indes orientales néerlandaises au début du XIXème siècle qui sont revenus avec des malles remplies de tissus batiks. Le tissu wax hollandais, inspiré du batik, n’a pas eu le succès escompté auprès des indonésiens qui l’ont boudé jugeant qu’il était imparfait à cause des craquelures. Mais voilà, contrairement aux Indonésiens, les Africains ont apprécié ces « défauts ».

 

3- La fabrication du Wax

Le processus de fabrication artisanale nécessite plusieurs étapes. Tout d’abord, l’étape des imprimés qui consiste à dessiner ou à imprimer des motifs sur le tissu alors encore entièrement blanc. Puis vient l’étape de l’application de la cire (wax en anglais). Cette étape est la plus importante. Durant cette étape, la cire est apposée le long des motifs initialement dessinés sur le tissus durant la première étape. Ce passage est crucial car il va permettre de délimiter la couleur lors de l’étape de la coloration. Ce qui permettra de donner vie aux dessins/imprimés. Une fois l’étape de l’application de la cire vient celle de la coloration. Durant cette étape, le tissu initialement blanc sera coloré de différentes couleurs en fonction du goût de l’artisan.

Le tissu va ensuite subir une première étape de séchage pendant quelques minutes (en fonction de la taille du tissu). Après le temps de séchage vient l’étape de l’application d’une sorte de colle industrielle pour sceller et fixer la couleur. On va ensuite laisser sécher cette colle pendant quelques minutes. L’étape suivante va consister à laver le tissu une première fois pour le débarrasser de la cire appliquée durant la deuxième étape du processus. Le tissu sera tout simplement trempé dans de l’eau chaude/tiède savonneuse.

Au bout de quelques secondes seulement, toute la cire préalablement appliquée se met à fondre avec l’aide de l’eau chaude/tiède. A partir de cette étape, on peut nettement alors voir les différentes délimitations faites par la cire et les motifs/imprimés prennent alors vie. Il restera enfin la dernières étape de séchage qui consiste à laisser sécher le tissu à l’air libre. Le fameux « tissu wax » a pris vie.

Le secret de sa fabrication est un des secrets industriels les plus jalousement gardés, notamment en ce qui concerne le processus de création des couleurs.

 

4- L’entreprise Vlisco

L’entreprise hollandaise Vlisco produit le Super Wax. Vilsco est la rolls du Wax.

Les tissus – Wax Hollandais, Super-Wax et Java – sont toujours fabriqués selon des méthodes et matériaux traditionnels à Helmond, aux Pays-Bas. Cette unité produit 24H/24 ce précieux tissu depuis plus de 170 ans. Il sort annuellement de cette fabriquer 70 millions de mètres de cet emblématique et réputé increvable tissu aux motifs artistiques et aux coloris originaux.

 

5- Les « nanas benz » et les « Nanettes »

Au Togo, dans les années 1970, des femmes surnommées les "Nana Benz" ont fait fortune grâce au wax. Aujourd'hui, leurs héritières, les "Nanettes", reprennent le flambeau, mais doivent relever de nouveaux défis pour faire vivre ce business.

Ces commerçantes, souvent illettrées mais extrêmement débrouillardes, ont bâti entre les années 1970 et 1980 un empire du textile couvrant toute l’Afrique de l’Ouest. Spécialisées dans la vente de tchigan - des pagnes en wax hollandais réputés pour leur excellente qualité -, les "Nana Benz" ont été les premières femmes millionnaires, voire milliardaires, du continent. Leur règne a marqué le début de l’émancipation de la femme africaine. Réalisant des chiffres d’affaires colossaux, elles ont fait construire des villas de luxe dans les quartiers résidentiels de Lomé, acheté des appartements en Europe et importé au Togo les premières berlines allemandes, les fameuses Mercedes Benz. Leur surnom était né.

Au début des années 2000, les commerçantes ont dû composer avec la concurrence chinoise, qui a inondé le marché togolais de tissus fabriqués à Shanghai et vendus dix fois moins cher...

Mais la jeune génération, les "Nanettes", compte bien défendre son pré carré du textile. Ces jeunes Togolaises mettent à profit leurs études universitaires parfois réalisées en Europe et s’efforcent de réinventer le métier. Pour rester compétitives, certaines se sont lancées dans le prêt-à-porter et exportent dans le monde entier. Elles se sont même résignées à accepter ce qui était inconcevable pour les anciennes générations : créer des collections à partir de tissus importés de Chine... D’autant qu’elles profitent d’une embellie avec l’arrivée du wax sur les podiums de grands couturiers occidentaux, comme Dior.

À Paris, il existe plein de revendeurs de wax et des tailleurs dans le quartier de Château-Rouge.

 

6- Les motifs

Vlisco a réservé jusque dans les années 30 ses créations aux élites africaines : les élites politiques, les cours royales africaines etc. Puis Vlisco a élargi sa clientèle à toute la population.

Les créations s’inspirent de végétaux, de minéraux, de figures géométriques, de calligraphies, autant de signes chers aux africains. De plus, l’entreprise essaie de respecter les us et les coutumes de chacun. Exemple : les musulmans n’aiment généralement pas les motifs avec une partie du corps humain ; certaines communautés ont des préférences pour telle ou telle couleur.

Depuis des années, les femmes africaines utilisent les tissus Vlisco pour parler haut et fort sans dire un mot. Ces tissus sont transmis de mère en fille. Leurs motifs soignés racontent des contes sur la sagesse et la beauté au fil des âges.

Chaque imprimé a une signification faisant du wax un signe d’appartenance, de défiance, de communication, d’aisance sociale, d’évènement … pour mieux le commercialiser !

D’où les noms que porte le wax dans certains pays :

  • L’œil de ma rivale : dans les cas de polygamie,

  • Si tu sors je sors : pour se jurer fidélité,

  • Mari capable

  • Paracétamol

  • Sac de Michelle Obama

  • Du pur marketing sachant que le nom est une consécration et fait vendre encore mieux le tissu.

  • Durant les campagnes présidentielles, des tissus sont imprimés à l’effigie des candidats.

Vlisco dispose dans ses archives plus de 300 000 motifs, dont certains sont produits sans discontinuer depuis plus d’un siècle.

Liens :

Lecture :

Wax 500 tissus

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