« Une piscine dans le désert » : Diane Mazloum - JC Lattes
Sous la forme d'une parabole mystérieuse et poétique, le nouveau roman de Diane Mazloum illustre le dilemme insoluble des membres de la diaspora libanaise, tiraillés entre leurs racines et leur soif d'évasion.
Dans ce village qui manque toujours d'eau et où l'électricité « effective » est la plus chère au monde, Fausta décide, sur un coup de tête, de se faire construire une piscine. Seul inconvénient : le terrain où a été creusée la piscine appartient en fait aux voisins : une famille libanaise implantée au Canada depuis trois générations. Il faudra régler le différend.
Pour cette « terre de frottements et de frictions, chaude, crue et vivante, chargée de millénaires d'histoire », Fausta renoncera à son rêve de maternité.
Sous la forme d'une parabole mystérieuse, le roman de Diane Mazloum, où il est aussi question de fécondation in vitro, illustre bien la complexité du destin des membres de la diaspora libanaise, tiraillée entre son attachement pour ses racines et sa soif d'évasion. Une dizaine de kilomètres séparent les villages voisins, lesquels portent des noms aussi beaux qu'évocateurs : « De désespoir mon âme a fui » et « Son esprit s'est abîmé ».
Mais, dans ces deux villages, les rares habitants qui n'ont pas émigré aux quatre coins de la planète se considèrent comme des étrangers et ne se fréquentent pas. C'est là, peut-être, que réside notre plus grand paradoxe. Du repli sur soi le plus total, tout en étant profondément tournés vers le monde. Est-il meilleure synthèse du dilemme insoluble de la diaspora libanaise ?
Un roman magnétique, envoûtant, sur nos identités, la terre qui nous façonne, l’histoire de deux personnages happés par la puissance d’une nature et d’un lieu immuables.
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